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vendredi 24 décembre 2010

Noël

Ma muse ce soir est absente !
Elle a fui ! Ce n’est pas souvent...
J’ai beau frapper au contrevent,
Rien ne répond à mon attente...

Comment répondrais-je à ces voeux
Qui s’accumulent sur ma table ?
Ou trouver la formule aimable,
Lorsque le ciel se fait grincheux ?

Mon coeur est plein..Ma tête est vide :
Sans ma muse je ne sens nu :
Je n’ai que des mots convenus
Qui font des phrases insipides...

C’est ma faute je le conçois,
Si, me laissant dans la déveine,
Ma muse cour la prétentaine !
Comment ne compter que sur soi ?

Oh, je sais bien la mécanique
D’aligner des mots cadencés,
Mais je ne les sent point danser,
Pour le discours ou la réplique !

Voila pourquoi ma tête est lourde !
Et oui, le vide pèse aussi !
D’être pleine de mon souci,
Je la sens comme une cougourde !

Vais-je me traîner jusqu’au chai
Pour chercher dans une bouteille,
Ce qui fait que l’on appareille,
Loin de l’ennui qu’on remâchait ?

Mais non voyons, que je suis bête !
J’ai oublié que c’est Noël !
Jamais on ne vit rien de tel
Pour enchanter notre planète !

Et déjà je ne sens moins sot :
Non, ma muse n’est pas volage :
Me devançant pour rendre hommage,
Elle est la-bas, près d’un berceau...


Momas le 23 Décembre 2010

Alexis Arette

jeudi 23 décembre 2010

Nadau

Û die négre de bén-plouy y d'aygue-nèu, rét. En se-n tournan de-s ha couya, Jusèp que coussirè, tougnut, cap y coth enas espalles. Qu'abè tabé croumpat ûe fougasse.

- « Qué hès ? Si hès coùrre lou machan téms, qu'as escadut, ci-m sémble.

- « O, que-m abi tirat plans ta ha drin de légne… En se desarrigan, û castagnè dou plèch que-m a hèyt càde dus poumès. Que y a de qué ha. Que créy que-m caleré telefouna ou escrìbe à la meteo enta que hè ha bèt. Sinoûs que bau aténde la lûe de Nadau. Qu'éy ta de oéy en oéyt. Lou téms que-s deberé arrebira. Ou lhèu tau Pay de Nadau ? E-m aberé entenut y escoutat ? »

- « Hû !... Menchide-t d'aquét, sustout au noùste àdye. En badén biélh, qu'éy badut abìlle. N'engaline méy que lous maynats, ou lous qui bòlen decha-s engalina. Que-s counténte de da au méy aysit y au méy pressat. Tè, que boulèm demanda-u, l'an passat, la mama y you, séngles youlhs de recàmbi, y, e sàbes ço qui-ns a dit ? Que nou hasè méy aquét artìcle. Lou moùnde que bàden toustém méy biélhs. Biélhs que-n y a de méy ana méy, que soun hère trops à l'at demanda, y nou-s y pot tapoc hourni-u ne prou, ci dits. You que créy, ta dìse la bertat, que n'éy pas tan rìche coum dìsen. Y ét tabé, enta-s acama, ne bat pas hère lèste : que-s hè carreya sus ûe trasse. Alabéts, ta nou pas ha yelous…

- « Que-ns goàrde au ménch boû estoumac, ci digou la mama en pausan la toupîe de la soupe sus la taule. Tè, serbéch-te, Jusèp. »

Garbure hèyte de frésc, dus hourrups de goudale – qu'éy passat lou téms de la goudale de doùdze hourrups, y que cau counta dap lous esbagats de las casquétes - chingarre nabe y oéus dap fougasse… y batalère en boune coumpanie. Que cau entertiéne lou cos enta que l'amne nou-s y abéye y que-s y demoùre. Au diàble lou machan téms, la légne à ha, y lous youlhs qui arrougagnen !


À miéy matî de Nadau que-m tumèy dap Jusèp ena pourtalade de la glèyse. Autalèu, y dap quin plasé, qu'ou héy ma noubèle : ûe arrehilhe, atendude ta cap d'an, qu'éy badude à miéye-noéyt ! Quin Nadau ! B'éy toustém Nadau tau qui n'éy ni trop biciat, ni trop tentat !


Jan de Sègues

lundi 20 décembre 2010

Marilis Orionaa sur Radio Albigés

À l'occasion d'un concert donné près d'Albi en octobre dernier, Marilis Orionaa a accordé une interview à Radio Albigés. Elle y évoque son parcours et les difficultés qu'elle a rencontrées du fait de la censure occitaniste. Elle fait également part de son admiration pour la chanteuse ariégeoise Rosine de Pèyre, ou encore le poète béarnais Alexis Arette.

vendredi 17 décembre 2010

Cu d’an..

Amics, l’an qui s’en ba, n’èy pas la fî dou moundé !
Benalèyes, trebucs, patacs, en dap aboundé,
Autan coum s’en y bi, qu’en bederam toustem !
Toustem ta la yoentut, lou temps qu’èy û lè nobi,
E si boulem sauba lou moundé de l’ahobi,
Qué ba calé, drin mèy encoère que si hem !

Las esteles s’an dit, qu’escribin sus la terre,
Lou destî d’û cadû dinqu’a l’ore darrère..
Mes entertan, qu’arpatéyam, que hèm pérém !
Per dus milles ans d’autés lugrâs qu’en se hèn sinné,
Mes tan se destraba, e que l’esprit e pinné,
Que ba calé drin mèy encoère que si hem !

Dusquantes qu’an lou cap pergut de ninaroles !
Qu’an boulut apoupas a d’estranyés escoles,
Mes nous, d’aquere leyt de saume, nou-m boulém !
Que n’a heyt tripe-harts, mes bestis coum arrasclés !
E taus balha l ‘arsec de tourna badé masclés,
Qué ba calé drin mèy encoère que si hem !

Certes, dous coumberti, qu’abém grane tentèri,
Mes pourta lou péguè tau clot dou cemitèri,
Chens que tourné praba, cau pas trop qu’èy rèbém !
Permou, taus apoudya, la bie qu’èy estréte,
E sounque soulamen ta la counserba dréte,
Que ba calé drin mèy encoère que si hem !

Embiade :

Prince de las bertuts qui sabém las de case,
Ayudat-sé ta la ha balé per l’estrem !
Permou qu’en ta tira l’eslame de la brase,
Que ba calé drin mèy encoère que si hem !

St Maixent – lou 17 dou mesMourt
Alexis Arette

samedi 11 décembre 2010

Au Nabeth Françoès !

Par Jean-Marc Casamayou
Après le Yan Petit qui dance, on pourrait demander à Alexis de nous distraire avec un François qui rit François qui pleure (si ce jour là La Muse Mayrane est avec lui).

Les propos de Françoès Vairon portent toutes les contradictions propres à ce fameux "centre mou" que personne n'arrive à situer sur l'échiquier politique. J'en ai compté ces derniers temps près d'une demi-douzaine! De quoi y perdre son latin et celui des autres!
Ainsi nous pouvons lire, "béarnisants", "occitanistes", "béarnais", "occitans". On lit aussi que la "famille occitane " est "la famille des langues d'oc" (au pluriel! sic!) et que ce qui est transmis dans les calandretas c'est du Béarnais mais "sous le nom générique d'occitan" (dommage que ce ne soit pas remboursé par la Sécurité Sociale, alors que c'est prescrit par les Docteurs ès occitan) qui n'est pas "une langue artificielle". Et côté artifice, le François il s'y connait, même s'il y a quelques temps que le feu semble éteint!

Et il finit en digne successeur d'Henri IV, Lou Nouste Françoès se verrait bien en Maire de Pau (au minimum et par défaut), prenant un arrêté municipal pour mettre fin aux guerres de religion qu'il a lui même attisé en devenant l'un des parrains de ce fameux "opérateur régional ", l'Inoc (qui a un site internet en panne depuis des mois, sûrement un manque budgétaire...). Il en appelle à ses amis, mais lesquels?

Alors s'il veut sauver "nos langues" (encore au pluriel?), il serait temps qu'il y retrouve son latin et sa musique; et qu'il abandonne le Se canti (générique) pour Aqueres Mountagnes (authentique).

Mais je crains que pour lui, elles ne soient "tan hautes" qu'elles ne s'abaisheran pas! Le Gave de Pau n'est pas un nouveau Rubicon (en un seul mot!).

Il est pas donné à tous les fils de Pau de devenir un jour Roi de France car côté génétique il ne peut y avoir aucun générique!

Au Nouste Enric!


Eth Baretounés

jeudi 9 décembre 2010

N’abéran pas, lou Biarn ni la Gascougne (chant)

Après la guerre de 70 fleurirent en France les chansons « de la revanche », dont la plupart forcaient quelque peu sur la « barbarie » Allemande..Je me souviens encore de ces titres car ces chansons furent chantées bien après la revanche de 14-18. Les plus sentimentales étaient certainement : « La ferme des Rosiers », et « C’est un oiseau qui vient de France » Mais celle qui fut d’ampleur Nationale car elle sonnait comme un défi, c’était : « Vous n’aurez pas l’Alsace et la lorraine, car malgré vous, nous resterons Français : Vous avez pu germaniser la plaine, mais notre coeur, vous ne l’aurez jamais ! ».

Je me suis amusé ce matin a en reprendre le thème très librement. Avec une cadence qui pourrait se chanter sur le même air.



Puplé Biarnés e puplés de Gascougne,,
Debienguts Frays, despuch mèy de mille ans,
Qué hém casau per abé bère pougne,
Au pugn de ha grane embeye aus gourmans !
Oey trachamans, mèy ignourens que crabes,
Tout en estan mèy hagars que pedoulhs,
Qu’an saunéyat d’en se hica las trabes,
Dap û parla qui nou baù qu’arrangoulhs !

Repic : N’abéran pas, lou Biarn ni la Gascougne,
Permou toustem, qué seram en deban,
Si soun cascans, qué-s bouchén la bergougne,
Mes loegn d’ assi, Grand digne Dieù Biban !

Arrebatiats, per l’escole estranyère,
Oun lous boutèn l’anèle au cap dou nas,
Pareils lous porcs bouats a la pélère,
Qu’an sounque au cap lou tésic d’arpasta-s...
Nous auts assi, que pourtam l’érétadyé
D’aquets balens qui saboun truca hort,
Quan l’estranyè boulou prené abantadyé,
En ta héri, e la Baque e lou For !

Quan lous bedém, crucifica la Baque,
Sus ûe crouts, d’oun Diù ey espudit,
Sie si cau per l’agulhoû qui chaque
Mes lou parsâ que sera desgandit !
Sie Mespléde ou sie Lamourine,
N’èy pas Muret, ou sé caguèn dessus !
Ta nous subi la corne de Houchine,
Qu’anen aulhou t’a s’arraya la pus !



Lou 9 Dou MesMourt.

Alexis Arette

Lou temps de l’Aubos..

Segu que passerèy pucha que tout que passe..
E lheù chens a-t sabé, que souy presqué passat !
Qu’èy l’eschère souben qui reclame l’escasse,
E que m’an de pertout quan de cops pédassat !

Ségu, permou dou malandrè, nou-n baù pas bisté,
Qu’en baù toutu, chens que m’estangué lou miscap !
E tout en han semblans de nou pas esta tristé,
Que hèy de bets passeys... au men hens lou mè cap...

S’arribe, coum an dit, la sayesse dab l’adyé,
Que-m semble abé coumprés, per delà l’enlusioû,
Que lou temps d’exista, qu’èy lou d’apprentissadyé,
Mes que y’a drin mèy loegn l’assès de la maysoû..

Qu’èy biscut per lou hoec d’oun l’estele s’abite,
Qu’èy biscut per l’aurey qui hè dansa l’ausèt,
Qu’èy biscut per la hount oun l’aygue s’esperlite,
E la terre qui da lou blat toustem nabèt..

Qu’en s’an crucificats sus las quaté mabences,
Oun lou tribalh hè chic de place enta reba,
Enter las amistats e las mariboulences,
L’omi que s’esdebure... e nou sab goère oun ba ...

O ségu qu’èy bertat que nou y’a pas enyence,
Si nou s’abrasse pas lou Pay en dab la May !
Pucha qu’en s’an semiats, qu’èm lheù tabé semence ?
Mes qu’abém lou regrèt dou beroy mes de may..

« Nou-t dèches pas yumpa per lou temps qui s’escape,
Coum la yoene maynade au truc de l’anyélus,
S’escapè, quan dou ceù lugreyabe la cape,
En te dechan au co quan de nuadyés blus... »

« Au briù ,que t’a-s trempat lous pots, a la courrude,
Mes l’andade ou bebous deya loegn que s’en ba..
Qu’a-s alétat l’estiù sus ûe gorye nude,
Mes l’aram d’û moumen lou ben qué l’escouba... »

Mes tout aco qu’esté ! Si nou-n sabém l’encaùse,
-La canille nou sab que sera parpalhaoù !-
E l’amou per moumens assi bach quan s’apause,
Si-n se trobe au sou grat, qu’en s’apoudye t’oun boù ! »

« Anem! Prou de pensa ! l'aube que gouyateye! Desplegue-t bielh apè ! Segoutech-té lous os ! Hè semblans de nou pas esta lou qui s'abeye, Même si lou tou temps ey lou temps de l'aubos...

Lou 9 dou més mourt .

Alexis Arette

vendredi 3 décembre 2010

Un bon point, M. Bayrou – Maintenant, allez jusqu’au bout !

Par Jean Lafitte, docteur en sciences du langage

Ce matin même, M. Triep-Capdeville, président de l’Institut béarnais et gascon, a attiré par message l’attention de quelques membres de l’association sur certains propos de M. Bayrou rapportés par la presse paloise d’aujourd’hui. Comme M. Bayrou juge que la querelle entre béarnisants et occitanistes est “bête à pleurer”, il a rappelé que les prises de position pro-occitanistes de ce personnage politique n’étaient pas étrangères à cette querelle : « Il n’est donc pas au dessus de la mêlée… ».

Comme j’ai beaucoup d’estime et d’amitié pour Maurice Triep et entretiens des contacts cordiaux avec François Bayrou, je me dois d’apporter quelques éclairages en vue de conduire tous les amoureux de la langue béarnaise et gasconne sur les chemins de l’entente.

D’abord, voici exactement le passage du vaste tour d’horizon auquel s’est livré M. Bayrou, en tant que meneur (j’ai horreur de l’anglais leader qui ne signifie pas autre chose) d’un parti politique :

Une querelle à pleurer !

François Bayrou s’est exprimé sur la querelle « béarnisants et occitanistes » « Cette querelle est à pleurer. Voilà une langue menacée de disparition, et ceux qui l’aiment se partagent en deux camps, occitans contre béarnais, qui se combattent à mort ! Les choses sont pourtant simples : notre langue, c’est le Béarnais. Le Béarnais est une langue gasconne. Le gascon appartient à la famille occitane, la famille des langues d’oc, qui viennent directement du latin dont elles ont hérité la « musique », (l’accent tonique remontant), et une bonne part du vocabulaire.

Dans les calandretas ce qu’on transmet, sous le nom générique d’occitan, c’est le Béarnais, ce n’est pas une langue artificielle ! Il est temps de cesser les guerres de religion ! Si mes amis pouvaient arrêter de se disputer et tous convenir que le seul enjeu qui vaille, c’est de sauver nos langues, alors j’en serais très heureux. »



Lisant cela en « expert » — excusez mon manque de modestie —, je serais plutôt tenté de féliciter M. Bayrou : pour autant que je sache, c’est la première fois qu’il affirme très claire-ment dans une déclaration publique « Le Béarnais est une langue gasconne » ; l’« occitan » est une famille linguistique, pas une langue, c’est un autre nom de « la famille des langueS d’oc » au pluriel.

Sur le fond, c’est à peu de chose près notre thèse, et celle des linguistes de tous pays qui ont étudié nos langues et ne se bornent pas à répéter les dogmes occitanistes. Et c’est contraire à ce qu’affirme avec superbe M. David Grosclaude, digne fils de son père et pour qui le béarnais n’est qu’une sous-variété de la « la langue occitane ». Dans le Proclam de Pau évoqué par Maurice Triep, M. Bayrou les avait salués ainsi : « Miquèu e David Grosclaude, lo pair deu costat deus sapients e lo hilh deu costat deus comunicators ». sapién, M. Grosclaude avait l’honnêteté de ne pas en revendiquer le titre, puisqu’il avait écrit huit ans plus tôt « Que’m senteishi mei istorian que non pas lingüista » (Drin de tot, 1985, Préface, p. VI) ; ce qui permet d’apprécier à sa juste valeur son affirmation péremptoire en p. 10 du Petit dictionnaire français-occitan (gascon) de Per noste-La Civada, 1984 : « Il existe indiscuta-blement une langue occitane ou langue d’oc. Cette vérité est reconnue par tous les linguistes du monde : elle n’est contestée que par des détracteurs incompétents ou malveillants. » Il ne citait aucune de ces linguistes du monde (sans doute en connaissait-il trop, mais il est parti dans l’autre monde avec son secret), alors que j’ai à la disposition de tous les curieux un recueil de citations de linguistes français et étrangers qui disent depuis plus de 130 ans que le gascon est une langue distincte de tout le reste du domaine d’oc[1] . Je me situe dans leur camp, M. Bayrou aussi, à vous de décider si nous sommes incompétents ou malveillants. Quant au fils, avec La Setamna et autres bulletins de sa “paroisse” — le mot est d’un occitaniste lucide et honnête —, « comunicator » est bien le terme adéquat : ça commence comme communication, nom actuel de la propagande des années 1930, si bien théorisée par le défunt Joseph Goebbels (cf. « Plus le mensonge est gros, plus il passe ») ; et ça finit comme terminator…

Mais je reviens à M. Bayrou : d’abord, la « langue béarnaise » n’est pas à proprement parler « une langue gasconne », mais le nom historique — bientôt 500 ans ! — des parlers gascons en usage dans l’ancienne vicomté de Béarn, parlers gascons sans homogénéité et dont aucun trait linguistique ne s’arrête aux limites historiques du Béarn. Mais ce n’est qu’un détail, et la conscience d’avoir une « langue béarnaise » compte pour beaucoup dans la détermination des Béarnais à vouloir la conserver.

Cela précisé, cette déclaration montre que M. Bayrou a fait son chemin, et il est très loin du pseudo-œcuménisme rassembleur de son Proclam de Pau, où il a dit : « E nosautes, bearnés, gascons, occitans » ou encore « Lhèu qu’at avetz vist, qu’èi circulat shens hèra de precaucions entre nocions qui son totas atrapaderas. Ací qu’èi dit : occitan, ací : gascon e alhurs : bearnés. »

Mais aussi de façon plus précise : « qu’avem tanben a conéisher de tira quau ei l’estat exact deu parlar bearnés e gascon », en oubliant l’« occitan ».

Parenthèse : c’est écrit à l’occitane, d’après le texte qui me fut communiqué officielle-ment par son cabinet de président du Conseil général, mais c’est du béarnais très courant, avec des gallicismes comme ci-dessus alhurs pour alhous, en d’autres endroits, mèma pour medich ou medix etc. La graphie occitane n’est même pas toujours exacte, avec pour couron¬nement le dernier alinéa qui est, à trois o pour ou près, en bonne graphie moderne de l’Escole Gastou Febus (E.G.F.). J’en ai conclu que M. Bayrou avait d’abord écrit naturellement son texte en “patois” de Bordères, et à la mode des Félibres, puis l’avait laborieusement mis à la norme occitane qui était dans le vent, s’arrêtant épuisé juste avant le dernier alinéa !

J’insiste donc : puisque c’était un discours, à l’oral il n’a dû choquer aucun Béarnais qui connaissait sa langue, et il n’aurait pas eu besoin d’être traduit pour être compris d’un Gascon connaissant lui aussi sa langue. Et je supplie tous mes amis de reconnaitre que Lapassade et Peyroutet n’ont pas changé de langue quand ils ont abandonné la graphie moderne pour l’occitane, ni Peyroutet une seconde fois en revenant à la graphie moderne.

Ce qui ne m’empêche pas de dire haut et fort que la graphie occitane est une aberration sociolinguistique et pédagogique fondée sur une lecture erronée des anciens textes, y compris en languedocien, et sa justification par l’unité de l’« Occitanie » est une aberration supplémentaire, car il n’y a jamais eu d’« Occitanie »… Et ce n’est pas demain la veille que les habitants du Midi de la France voudront la faire, comme l’aurait aimé le Pr. Patrick Sauzet dans l’éditorial du n° 11 d’octobre 1998 du bulletin de l’Institut occitan de Pau (aujourd’hui à Billère) et comme le suggère Ben Vautier que je viens de citer en note.

En outre, elle est devenue contraire à la Constitution, puisque l’article 75-1 sur les langues régionales, introduit en juillet 2008, les déclare comme appartenant au patrimoine de la France, et qui dit patrimoine, dit bien reçu des ancêtres et transmis de génération en génération, sans rupture. Or seule la graphie dite « moderne » répond à ce critère, car sa modernité est caractérisée par une adaptation continue à l’évolution de la langue et à son contexte socioculturel. Alors que la graphie « occitane » ou « classique » est une graphie de rupture avec l’héritage, par un retour artificiel à des conventions médiévales qui ne sont même pas celles du passé béarnais.


J’en viens maintenant au rappel par Maurice Triep des causes de la responsabilité de M. Bayrou dans la querelle entre béarnisants et occitanistes. Ça me rappelle le triste fait divers de début septembre que fut le meurtre à Lescar d’un « un formateur en langue occitane » par l’époux d’une dame qui rendait trop souvent visite à ce jeune homme : c’est « à en pleurer », comme le dit M. Bayrou de la querelle linguistique. Le mois avant, un drame similaire avait couté la vie à un père de famille d’Espalion en Aveyron. Mais dans notre Béarn qui se moque facilement des Bertans de las cournères, on comprend aussi que parfois Bertran attrape un grand couteau ou décroche le fusil.

Or dans la querelle linguistique, j’estime qu’avec l’argent de tous les Béarnais, M. Bayrou a fourni l’appartement où se déroulent les rencontres qui ont cocufié tous les amoureux de la vraie langue béarnaise.

Il avait promis, dans son Proclam du 25 octobre 1993 : « Que vau propausar de bastir, de cap a l’Universitat, lo centre de la lenga e de la cultura bearnesa, gascona, occitana. » Et vers la même époque, lors d’un festival de Siros, il avait promis un « Institut culturel béarnais et gascon » parallèle de l’Institut culturel basque créé en 1990.

En fait, grâce à une habile manœuvre du genre de celle qui introduisit « la langue occitane » dans la loi Deixonne du 11 janvier 1951, avec d’ailleurs l’assentiment du Félibrige, c’est un « Institut occitan » qui a été créé avec pour premier président M. Jean Salles-Loustau, proche voisin et ami politique de M. Bayrou qui, peu après, le nommait Inspecteur général de l’éducation nationale chargé des langues régionales.

Or M. Salles-Loustau avait déclaré dans une interview à la presse paloise du 15 mars 1995 : « On n’est pas là pour enseigner le patois. Le patois est mort, c’est l’occitan qui reste ». Il avait dit aussi « Sur les 13 millions de personnes qui peuplent les 30 départements d’Occitanie, 6 millions d’entre elles comprennent l’occitan. », en annexant à l’« occitan » tous ceux qui parlaient le « patois » qu’il envoyait au cimetière.

Je vais cependant essayer de comprendre, sinon justifier, M. Bayrou. Il est né quelques mois après la publication de la loi Deixonne, avait neuf ans quand Roger Lapassade et ses amis ont fondé Per noste dans le cadre de l’Institut d’études occitanes (I.E.O.), alors que l’Escole Gastoû Fébus vivait les dernières années de Michel Camélat (1871-1962) et Simin Palay (1874-1965) qui la présidait depuis 1923 ; et M. Bayrou avait 17 ans en mai 1968, année de son baccalauréat : toute sa jeunesse a été entourée d’occitanisme béarnais et gascon (à Bordeaux), mouvement conduit par d’authentiques Béarnais et Gascons qui croyaient voir dans cette orientation le salut de leur langue autochtone bien mal en point. Le vide intellectuel était tel que Michel Grosclaude, professeur certifié de philosophie au lycée d’Orthez, allait devenir le maitre à penser de ces braves Béarnais, alors qu’arrivé du nord de la France en 1958, il prenait le béarnais pour du latin appris au lycée (cf. son article « Comment je suis devenu occitaniste », Per noste n° 15, Nov.-Dec. 1969, pp. 5-6). Mais justement, avec probablement Robert Darrigrand, agrégé d’espagnol mais de 9 ans son cadet, il était un des rares à savoir le latin parmi ces enseignants d’Orthez. Et il ne manquait ni d’aplomb, ni probablement de l’envie de compenser son modeste niveau hiérarchique dans le monde de l’éducation.

François Bayrou s’étant à son tour dirigé vers la carrière d’enseignant, il a été reçu au concours de l’agrégation de lettres à 23 ans. Agrégé de lettres, et non linguiste. Il a donc pris pour argent comptant le discours linguistique des occitanistes, l’idée ne lui venant probable-ment pas d’en douter, puisque c’étaient des enseignants, et qu’en 1993 il voyait un sapién en M. Grosclcaude. Et il n’y avait alors rien qui lui permît d’en douter. Même notre ami Jean-Marie Puyau, dans son mémoire universitaire sur le béarnais de 1985, avait alors choisi une graphie basée sur celle de l’I.E.O. :

« La graphie de l’I.E.O. accentue la dépendance du béarnais comme sous-dialecte de l’occitan. Celle de l’E.G.F. peut sembler au contraire trop calquée sur le français. C’est ce qui m’a fait en définitive choisir une quatrième [sic] solution, la mienne. A dire vrai, j’ai pris pour l’essentiel l’ortho-graphe dite «normalisée» de l’IEO, parce qu’elle est mieux admise dans les milieux universitaires et parce qu’elle rend mieux compte de certains aspects de la langue : genre masculin ou féminin des finales, désinences de l’indicatif et du subjonctif. » (Livre – Un universitaire breton étudie la phonologie du béarnais, article et interview par Louis Laborde-Balen, l’Éclair, 1986).

Moi-même, je ne pensais pas autrement, n’ayant trouvé que l’I.E.O.-Paris et les occitanistes du Béarn pour m’apprendre le béarnais de mes ancêtres maternels et m’ouvrir au gascon de mes ancêtres paternels. Or j’ai eu la chance d’être mis à la retraite en 1988 à 58 ans, limite d’âge de mon grade de colonel, et de pouvoir me consacrer à fond à l’étude de cette langue que l’I.E.O.-Paris me demandait d’enseigner l’année suivante. C’est dans la bibliothèque de cette association où j’assurais des permanences bénévoles que j’ai trouvé les petits cailloux blancs qui allaient me permettre de trouver mon chemin et sortir de la forêt broussailleuse et sombre de l’occitanisme.

Dès 1996, j’ai pu ainsi lever l’étendard de l’indépendance linguistique du gascon (Le gascon, langue à part entière et le béarnais, âme du gascon), le début de ce titre jusqu’à « et » étant emprunté au Pr. Pierre Bec, ancien président de l’I.E.O. Mais je tenais toujours à la graphie classique que j’ai continué à enseigner jusqu’en 2003. Or en 2002, je m’étais inscrit en thèse en vue de traiter de l’amélioration de cette graphie pour la rendre plus fidèle à la phonologie du gascon. C’est dans les six premiers mois de ce travail que j’ai découvert les erreurs historiques qui étaient à la base de la graphie classique : scientifiquement, je n’avais plus aucune raison de la conserver, d’autant qu’elle compliquait très sérieusement l’enseigne-ment de la langue. Je l’ai donc abandonnée à la rentrée 2003, sans provoquer de révolte de mes élèves, plutôt soulagés. Et ma thèse en a proposé quelques améliorations.

Mais quand je constate l’ignorance de mes propres amis sur ces sujets, et plus encore celle des occitanistes, encore moins curieux de savoir, il faut bien admettre que M. Bayrou n’en sache pas grand chose. Il en savait encore moins il y a quinze ans, et il n’est pas sûr qu’il ait été machiavélique en laissant se créer l’Institut occitan à la place de l’Institut culturel béarnais et gascon qu’il avait annoncé. Sans doute était-ce pour lui blanc bonnet, bonnet blanc.

Aujourd’hui, il peut mesurer les dégâts d’un laisser-faire qu’il crut peut-être habile. Avec la perspective pas du tout illusoire de voir la justice déclarer illégaux chez nous le nom d’« occitan » et la graphie occitane. Ce qui impliquera l’interdiction pour toute collectivité publique d’en user directement et de subventionner, en argent ou en moyens matériels, toute institution privée qui s’en réclamera.

Au nom de l’amour que nous portons tous à notre langue béarnaise et gasconne, je dis donc à M. Bayrou : « Allez jusqu’au bout ! ».

Avec tout votre talent de parole et les relations que vous avez dans les milieux politiques d’une part, occitanistes d’autre part, faites leur comprendre que le mirage occitaniste est sur le point de se dissiper et qu’il leur faut délibérément tourner la page : bannir le mot « occitan », qui n’a pas plus sa justification que le terme générique de « germain » pour désigner le néerlandais, l’alsacien ou le flamand, et ne plus user que de la graphie moderne, qui a ses racines dans nos chartes d’avant 1300 : au lieu de passer un temps fou à écrire contre nature, pour ensuite se casser la tête pour bien lire cet écrit, l’ancien ministre de l’éducation nationale n’a pas besoin qu’on lui fasse un dessin pour voir le temps gagné pour l’apprentissage de la langue elle-même.

Courage, cher ami, sur les pas d’Henri IV, un édit de Nantes est possible dans le respect de la vérité historique et linguistique et de la loi désormais en vigueur. C’est notre seule ambition, et nous vous aiderons si vous le voulez bien.

Jean Lafitte
 
[1] Le dernier venu est Ben Vautier, alias Benjamin Vautier, peintre français d’origine suisse né le 18 juillet 1935 à Naples de mère irlandaise et occitane et de père suisse français, tout autant de raisons d’être occitaniste. En aout 2009, le Sénateur Michel Charasse avait signalé au Premier ministre les vives inquiétudes des tenants des langues parlées dans les régions de Nice, du Béarn, de la Gascogne, de l’Auvergne, du Limousin et de la Provence devant les privilèges exorbitants reconnus à l’occitan. M. Vautier lui avait alors répondu sur son blog (“copié-collé”, fautes comprises) : « tous les linguiste vous diront que le bearnais le gascon le nissart le provencal etc sont des langues d’oc par raport aux langues d’œil pourquoi pas accepter de les laisser se reunir et se regrouper pour survivre ? »


dimanche 28 novembre 2010

Lou secret..

Qu’a-t abi debinat chens n’abé counfidence :
Qu’ère maù-maridade, e maugrat lou debé,
Lous sauneys qui n’aberé pas boulut abé,
Que la biénèn troubla en mante circounstence...

Qu’en s’èrem trebucats tout a fait per escas :
Qu’en s’abèn presentats per û brespé de nouce,
La baylade de la sérade qu’ère douce,
E que dansèm, per s’esta troubats ras e ras...

Lous omis qu’an toustem lou tesic de pareché,
Si la hemne ou-s coumbien, û drin mèy que nou soun..
E lous mouts ta d’aco qu’arriben nou sèy d’oun !
En s’esla, tout Pouloy pariè qu’a l’air de creché !

Mes adescops tabé, l’engalinè dous mouts
Qui cred de maneya, qu’ou pren beroy au pièdyé,
Si la hemne ey galante e si-s preste au manedyé,
S’a lous oelhs estelats e plasente la bouts...

« Lou boste omi, en pé risca toute soulete,
N’a dounc nade yélou a-p decha hestéya ? »
« Moun Diù ! Aberi l’air d’e-m boulé ha minya
Per û loup a dus pès en queste d’amouréte ? »

« You, que coumpreneri lou loup, heyte coum èt,
Si boulè desrauba la mèy beroye agnère... »
« E bous, en debisa de beroye manière,
Heret pas drin lou loup au bèt miey dou troupèt ? »

« O ,n’èy pas lou troupèt qui m’a tirat la biste !
Qué souy trop près en ta-m troumpa sus so qui bèy ! »
« E you, n’èy pas brigue besougn d’en sabé mèy,
Même lou trachaman s’èy poulit quan ensiste ! »

Que sabèm qu’ère û yoc !..E desempuch toustem,
La hemne qu’a sabut que s’en calè defendé,
Même quan aberé mille resoûs de-s rendé,
E de-s permetté û pas de danse per l’estrém...

E la danse aquet sé que-s troubabe coumplici.. !
L’estrem n’ère pas loegn...Qu’èy pensabem tous dus..
Lous sous oelhs chic a chic, qu’ou badèn presque blus,
Mes toutû qu’ou-s bachè, en ta nou pas qu’ou-s bissi ...

Top bisté maridade en û omi d’ahas,
O, chens mechancetat ! Mes fantesie, nade !
Aquere qui soubén au ras d’et s’abeyabe,
Ere la qui tiéni a noeyt enter lous bras ?

La noeyt de l’enlusioû que semblabe esta nabe...
E lou sauney qu’èy pec qui nou sab pas oun ba !
Qu’èy pariè qu’û pourî qui cerque a-s destraba !
Atau aquere noeyt qu’en s’entarabanabe...

Lous mouts, quan soun pla dits, mensounyès a moumens,
Quan puyen a l’estiù coum ûe serenade,
Si hèn souben l’esfeyt a la qui s’en agrade,
Qu’embriaguen tabé l’autou dous coumplimens...

E qu’estéy drin pergut en la bedé pergude,
Quan tout bach e-m digou : « Carat-p’en p’a-t préga ! »
E lou co que-m lancè, permou qu’en bèt youga,
Qu’abouy lou sentimen d’û mau chens remetude...

Labets que s’assedoum, permou tout qu’ère dit..
E que s’en bim û drin en ta tourna sus terre,
Sustout que per l’estrém, la noeyt, beroye oubrère,
Que semblabe estigla ta nou sèy quin embit !

E qu’en se digoum « Tu »..La nouce que-s fenibe..
-Ûe hemne a case tabé que m’attendè..
N’abèm pas heyt lou pas a l’estrem dou sendè,
E qu’ou gausèy parla de so qui-n s’aparibe..

« Nou sèy, si per la fî m’aberés dit que Nou..
Mes goarde lou secret de la toue respounse..
Que s’èy pla lou balans quan lou co s’arrénounce
Purmè que de s’abentura per lou branou »..

« Lou secret, » si-m digou-(E qui-n la hasè bère
lou soû desemparè !) « nou sèy pas mèy que tu,
Lheù qu’aberèy regrèt..Mes que-m semble toutu
Que si nou n’abi nad, que seré pire encoère.. »

« E m’en bos ? »,“Sustout pas! » Nou digoum arré mèy..
E puch qu’en se lhebèm ta las darrères danses,
E qu’en s’espièm, coum quan s’acaben las bacances,
Mes lou secret, après tant d’ans, brigue nou sèy...

Lou 28 –11- 2010

Alexis Arette

Esplics :
« Per escas »: (Loc adverbiale) : par hasard.
« Qu’en s’entarabanabe » : Palay donne le sens du Lavedan très différent de celui de Lescar. Chez nous il procède de « Tara »=parler abondamment pour ne rien dire .(expression :« O,O Tare, tare,» pour « Tu peux toujours discourir »)
Ainsi : « Entarabana » correspond à :étourdir de paroles, ou « embobiner » !
« Desemparè » :( Ne se trouve pas dans le dict ): Desarroi.

lundi 22 novembre 2010

Lou toupî de garbure

Digues dounc, Dauninẹ, si créy, que-t prepares encoère aquéstẹ an ta prénẹ las ayguẹs de Cauterés. Tout aco qu’éy beroy, més you, û cop de méy, que boy demoura tout soul pendén très semmanes. Be sàbẹs que cau û baylet ta ha bìbẹ las garies e ha minya lous câs. Aquét tribalh que sera lou mé. Més ét-soubienès que nou sèy pas ha la cousine e que la toue soupe que-m ba ha rèyte tout aquét téms ? Escoute, abans de parti, digue-m quin hès enta escàdẹ aquét toupî de soupe qui m’agrade tan. Que bouleri saya.

« Cèrque-t û tros de papè e que-t boy dìsẹ quin as à ha. Que la te hès enta quàuquẹs dies.

Que prénẹs û toupî dous grans, e que coumences per hica û pè de betèt déns l’aygue réde. Si n’as pas û pè de betèt, que pòdẹs ha dab û yarrét, e sinoû û taloû de yamboû, û camayou. Que-y pòdẹs hourni alirots e pates de guits, si t’en demoure de la darrère prebisioû. Puch que hès bouri au ménch ûe orẹ, que-y hiques très cébes talhucades e, au cap de miéye orẹ, las arrabes, puch û quart d’ore après, las poumes de tèrre. En seguin, lou caulet – e sàbẹs, aquét frisat de Milan coum dìsẹn – dab quoàtẹ habes si-n as, e lous pourréts, e las carrotes.

Que sales e que hiques drin de yèrbe prime, quàuquẹs hoélhes de laurè, très clabets de canèle. Puch que demoures û téms, que goustes s’éy prou salat e que hès bouri tout dous. Atau qu’aberas la soupe e drin de car ta minya. Enta la counserba dinque que sie acabade e ta nou pas la lecha pica, que la hès bouri tout die cinc minutes. Atau qu’aberas de qué t’aucupa e d’aci enla que pensaras drin à you. Nou t’en hasques, que tournarèy, e que la te tournarèy ha ».
Denis GARUET


La marmite de soupe

Dis donc, Daunine, si je crois, tu te prépares encore cette année à aller en cure à Cauterets. Tout cela est bien, mais moi, une fois de plus, je vais rester tout seul pendant trois semaines. Je sais bien qu’il faut un domestique pour s’occuper des poules et faire manger les chiens. Ce travail sera le mien. Mais tu te souviens que je ne sais pas faire la cuisine et que ta soupe va me manquer tout ce temps. Ecoute, avant de partir, dis-moi comment tu fais pour réussir cette marmite de soupe que j’aime tant. Je vais essayer

« Cherche-toi un morceau de papier et je vais te dire comment tu dois faire. Tu dois te la faire pour quelques jours.

Tu prends une marmite, parmi les grandes, et tu commences par mettre un pied de veau dans l’eau froide. Si tu n’as pas un pied de veau, tu peux faire avec un jarret, et sinon un talon de jambon, ou l’os de jambon. Tu peux y ajouter des bouts d’ailes et des pates de canards, s’il t’en reste de la dernière provision. Puis tu fais bouillir au moins une heure, tu y mets trois oignons émincés et, après une demi-heure, les navets, puis un quart d’heure après, les pommes de terre. En suivant, le chou – tu sais ce frisé de Milan comme on l’appelle – avec quatre haricots si tu as, et les poireaux et les carottes.

Tu sales e tu mets un peu de thym, quelques feuilles de laurier, trois clous de girofles. Puis tu attends un moment, tu goûtes si cela est assez salé et tu fais bouillir tout doucement. Ainsi tu auras la soupe et un peu de viande pour manger. Pour la conserver jusqu’à ce qu’elle soit terminée et pour ne pas la laisser piqué, tu la fais bouillir tous les jours cinq minutes. Ainsi tu auras de quoi t’occuper et d’ici là tu penseras un peu à moi. Ne t’en fais pas, je reviendrai, et je t’en referai ».

Edité par l’Institut Béarnais et Gascon
Reproduction interdite sans autorisation

Quan reguilhe lou co..

L’omi qui-s cred douat en ta ha politique,
Lou prégoun dou sou co, qu’ou deù biste abouelha,
En glapa tout matî chens cragné la coulique,
Û bolou de crépauts a mode d’esdeyoua..

Bah ! que n’èm touts aquiù dous sapous e dous haris !
Quan de mesprès e cau debersé en minya « chou ! »
Hens û moundé plé d’arneguets e de hourbaris,
Qui-s merite l’escoube e lou cop de tourchou..

Mes aquet moundé ensabatat, qu’èy tabé nousté,
E s’èy risquam la gale en dab lous sarrampics,
Oun se trobe estacat, l’asou que cau que brousté,
E que s’y coumplasem en dab quauques amics..

Mes tan sé garanti, nou y’a targue prou laryé !
Alabets, tè, que cau gahas l’espade a doublé talh,
E lou coumbat, nou cau pas, perdiù, qu’en s’esbaryé !
Mes pesantes qu’en soun, las herres de l’armalh !

Que n’èy dou co en ta nou pas que s’esbrigalhé ?
Tau garanti, èy chens danyè de l’embarra ?
Debat û badalhoù, qui-n cau que s’a-t espalhé ?
Yamèy û co n’a poudut bibé en se cara !

La pèce de l’armalh sou mè co que pésabe,
Tant et tant, que nou l’èy poudude suppourta !
Qu’èy dit « Tant pis, si quauqué sayete e-m punthabe
E s’èri trop estros ta la poudé escarta !

E qu’èy estat ataù ! O de segu, l’espade
Que l’èy heyte truca chens m’en arrepenti !
Mes qu’en talhèy tabé la cape de parade,
En ta la partadya coum hasou Sent-Marti..

Mes lou co nou cessè, en mante circounsténci,
Oun m’empourtabi drin de-m crida « Caritat ! »
D’et, qui nou counégou yamèy mariboulenci,
Si sabèt qui-n lous désestrucs n’an proufieytat !

Que l’èy trettat de tout : de pèc, de cap d’estère,
D’esturonou, de faire foutre e d’anipeù,
D’arrépropi, de Mau-badut et d’arroumère !
Qu’ou hé pariè qu’û escoupit decap au ceù !

Et pourtant, qu’èy tout esmoustat de cicatrices !
A crédé qu’a prabat après cade esperec !
O Brouche dou mau-dat, mèy hort e l’esperisses,
Mèy l’arrose qu’a l’air d’eslouri de l’entec !

Lous bielhs qu’a-t an pla dit, o brouche : « Lou qui cante,
Qu’encante lou sou maù : Ataù de cade plagn,
Et que cantè tant hort, que n’a herit l’espante,
E que crèy qu’en ta tu qu’a quauque drin d’argagn !

Segu, toutû, que l’aberas la pèt û die !
Nou ya blad qui nou n’èy toucat per lou cussoû !
Mes et, per esprouba l’amou qui remédie,
Que sabéra mouri-s sou briù d'ûe cansoû...


Lou 22 de Noubembre a Moumas.

Alexis Arette


Esplics:
Aboelha, ou agoelha ( termes proches dans la région de Lescar) : Combler (Aboelha û hourat) Le dict. ne donne qu’un sens dérivé, soit « ouiller » qui est le fait de combler un fût dont le vin s’est évaporé. Le verbe à un nom dérivé :
Ahoalhes etc : C’étaient les lattes, ou les barres de bois que l’on entretoisait aux dents des herses, pour diminuer la pénétration du labour, et éviter les grosses mottes. L’opération contraire se disait « Da herris ! » Mais il avait un dérivé coquin : soit pour un même, redoubler d’efforts pour faire un enfant
Ensabatat : vient de Sabat : Subir l’emprise du démon.
Targue : Targe, Bouclier, défense :(Hiqua-s en targue !)
Armalh : Armure. Ensemble d’armement.
Esturonou :(premier o accentué) : aussi dégourdi qu’une souche .(Manque au Dic)
Anipeù : (probablement a l’origine :épouvantail) mal nippé, lourdeau.(Manque au Dic.)
Argagn : Mepris, moquerie.
Cùssoû : Bruche , divers prédateurs des céréales.

samedi 20 novembre 2010

Adirè...

Au bord de la sèrre, per sus la capère, la lûe nabère
Au ceù qu’a puyat,
Mes ére nou-m trigue, permou nou sèy brigue, lou co de l’amigue
Oun s’en –y anat..

Assi sus la prade, ras de l’Aygue- lade, la brune maynade
Qué-m hé sauneya,
La noeyt qu’ère douce, Pariè coum la mousse, e la lûe rousse
Tout dous qu’arraya..

Quan l’ore èy dispaùse, qu’èy bère la paùse, tau galan qui gaùse,
Mes you nou gausèy..
S’abouy l’abantayé ,d’ourbi lou coursadyé, qué-m suffi lou gadyé,
Atau qu’en passèy...

A noeyt sus la lane, la péne qu’èy grane, lou co qué-m batane,
E tu praubé pèc,
Lou mau que t’esgare, arré nou t’arpare, e nou sabs adare
Ta qu’ès a l’arbèc...

Loegn la ma que tume,et quan bien la brume, dinqu’aus oelhs que-t chume
Belheù drin d’arrous..
La biste engourgade, que beds la maynade, qui t’esté panade,
E qu’ès amourous..

L’ame de la heyte, qu’èy despuch retreyte, mes d’aquere estreyte
Nou pods pas goari,
Quan la noeyt ey tèbé, Dab û pous de frèbé,Tant hort qu’èy lou rèbé,
Que creds d’en mouri...

Dou ceù chens bisquère, toustem la lugrère, que yéte sus terre
La soue clarou...
Mes si-t secretéye, lou ben a l’aurelhe, d’enla nou barelhe
Qu’û floc d’amarou..

Mes si drin e ploures, pourtant qué demoures, quan cent mille escourres
Nou ! nou boeyteran,
Dou co qui s’enlûe , la grane lagûe, permou nou n’ya qu’ûe
Qui pod descidan..

E la noeyt marane, d’aquére mangane, que t’entarabane !
Qu’ès tu debiengut ?
Nou bèy qu’ûe raube, toustem qui s’assaube, et nou sèy a l’aube
Ta qu’èy dounc biscut ...

Alexis Arette

(c’est une forme assez difficile, que les français ont employé pour les complaintes)

mercredi 17 novembre 2010

Lou sé..

Lou sé que cad. Û bielh que s’en tourne ta case,
En coupa l’apedagn de petits estanguets,
La nubles dou sou-couc que soun coulou de brase,
Hens lou ceù encrumit que passen dus rouquets..

Hens lou cami prégoun qu’èy pesante la hangue,
Permou yé qu’a plabut a desligues de ceù,
Mes lou bielh, n’èy pas per ére qui s’estangue,
Ni per s’esta trop matiguat abé degreù..

Nou ! Mes aquets cami qu’ey û pelerinadyé,
Ta-y sauneya, que si’escapabe tout maynad !
Lous cassous pla segu que-s soun doublats dab l’adyé,
Lous aygats drin de mèy qu’an curat lou barad,

Mes la yogue dou ben qui ségoutech las bigues
Quèy hè coum autescops la médiche cansoû !
E n’a brigue cambiat lou débis de las Pigues,
Ni tapoc, lou rougnet noeytiù de l’Arissoû..

Oun s’èy halhat û trounc, toustem la Mari-thoure,
De mediche faysoû qu’estrusse lou sou nid,
E coum toustem, pariè roundaleya l’estoure,
L’Esquiroù d’abérâs qu’èy toustem aganid..

Lou bielh qu’a bist so qui démoure e so qui passe,
Mes sus lou briù dou temps, tout so de transmettut,
Qu’èy aco qui sent bibe au prégoun de la biasse,
Coum û tesaù qui nou-n s’encoumbre ni hè brut...

Assi, dou temps passat, qu’ou tourne la pensade,
Assi, d’û bielh mesplè prabat en atusca,
Lou sou pay qu’ou muchè qui-n coupen l’agulhade,
E qui-n dressade au hoec, e la hèn escrica..

Assi, qu’a tout pariè aus hilhs, sayat d’apréné,
Qui-n boy sera tilhut, e quaù s’escalhéra..
Cade arbré qu’a ûe bertut qui caù coumpréné :
Û pachèt nou-s tirè yamèy d’û cassoura.

E s’en soubiéneran ? Mes perqué da-s-en brigue?
Taus qui-n se ban segui, nou caù pas pleyteya !
Ûe sègue en passan qu’ou hè la camaligue,
Haut ! Tirem en daban, que ba leù noeyteya..

A la croutzade assi, tè, que-s manquè la lèbé !
Oey que s’en trufe drin, mes yé que l’escousou..
Drin mèy loegn qu’attengou, dab au cap drin de frèbé,
Maria tant beroye a la bère sesou !

Petits secrets, de quan lou co s’amistouseye,
Petits poutoûs panats en s’en tourna dou bal,
E puch, lous desplasés quan l ‘amou calanqueye !
Lou cami qu’endoustè quaresmé e carnabal..

La gourgue au ras, que y’a bet temps n’esté curade,
Hens lou temps l’ausèt blu que la bienè rega..
Autescops, qu’èy bienè ha bebé la bacade..
En gaha cap-martets, que s’y pensè nega..

Sou bord, que ya toustem ûe bielhe bimière
D’oun tirabe a la lûe qui cau, lous bencilhs..
Mes oey nou s’enten pas que s’y hé fagoutères,
E d’aquet sabé-ha, n’an pas reyte lous hilhs..

Mes quan de cops d’assi nou gahè la courrude
Maynat, per n’abé bist prou leù cadé l’escu !
Qui-s sab, s’ère a l’argoeyt deya la came-crude ?
E quine poù labets de-s ha gnaca lou cu !

Benalèyes dou temps passat, ou mirabilhes,
Lou bielh cami nou fenech pas dou ne counta !
E la mémori de tout boy que hè cabilhes !
Urous qui chens degreù en pod tout arhounta !

N’est pas tristé aquet sé qui-s hè coulou de brase..
Que s’y mescle a la pats mème û drin de gauyou..
Mes aquet bielh toutû qui s’en tourne ta case
Qui-n aymeri n’estesse pas encoère you... !


La noeyt et lou matî dou 16 au 17 Noubembré


Esplics :Rouquets ;: Ramiers plus petits que la palombe.
Matigat : Syn : Mazet ; Maté, fatigué.
Mari-Thoure : Troglodyte. Se prononce souvent Malithoure.
Escrica : faire briller, parer
Pachet : echalas en chataîgner
Cap-martets : Têtards
Fagoutères : entraide entre voisins pour faire des fagots.
Came crude : Litt. Jambe cruelle. Epouvantail dont on menace les enfants, pour qu’ils rentrent avant la nuit tombée.

jeudi 11 novembre 2010

Alexis Arette-Lendresse, paysan béarnais

Radioscopie - 09/01/1976 - 55min48s


-Alexis ARETTE-LENDRESSE, invité pour parler de son métier de paysan : ses origines béarnaises, définition du paysan, sa famille, son engagement militaire en Indochine. Ses lectures d'adolescent, son identité béarnaise, est favorable au pouvoir régional. Puise son inspiration poétique dans son métier, sa vision de la France, son amour du Béarn, sa foi en Dieu, sa passion pour la nature, la défense de sa région. (Entretien avec Jacques CHANCEL - 55'48'').

Cliquer ici pour écouter l'archive de l'INA

mercredi 10 novembre 2010

Sounet de yoentut..

Mes amis ,je termine avec ce sonnet, une démonstration qui vous a peut-être un peu lassé, ce dont vous voudrez m’excuser, car je n’avais pas le choix pour atteindre ceux d’entre vous, qui ont peut-être des dispositions, non encore révélées.. Mais d’abord, qu’il soit bien entendu que nul ne doit forcer son talent, et qu’il vaut mieux être un bon prosateur qu’un mauvais versificateur . Cependant il y a des vocations a susciter et a cultiver. Tout est là.

On n’a pas dit, que, comme tous les éléments de la vie, l’inspiration poétique procéde d’un rythme. Toute l’énergie de l’univers est rytmique, et ce sont les rythmes atomiques différents de leur constitution, qui font qu’un son est différent d’un autre qu’une couleur soir rouge au lieu d’être bleue etc etc. On sait par exemple, que l’homme est traversé de rythmes divers, Rythme cardiaque, Rytme respiratoire, etc, et le de Rythme féminin influencé par le cycle lunaire est différent de celui de l’homme. Si des rythmes , comme par exemple, ceux qui constituent les révolutions planétaires nous sont connus, certains ne le sont guère. Ainsi en est-il du rythme de l’énergie mentale, d’ou procède l’inspiration , l’intuition , et la sexualité. Je sais moi, que la rythme de l’inspiration poétique est lié a la pulsion de la sexualité. C’est le même flot d’énergie, qui se transpose différemment. Et il est probable que ce rythme énergétique, est différent d’homme a homme. A chacun de définir le sien.

J’ai voulu vous donner la preuve d’une semaine de pulsion rythmique forte, ou j’aurais pu écrire sans discontinuer. La pulsion est retombée, et je suis entièrement « vide » sur le plan intellectuel, de mes facultés extra-perceptives. C’est ainsi qu’au lieu d’être « inspiré » comme les autres, ce dernier poème est « fabriqué ». Il ne doit sa maîtrise qu’au « savoir faire », autrement dit, à la technique. Sa faiblesse, c’est de ne contenir aucune émotion. C’est seulement sa forme fixe qui lui donne un genre.Là, je n’ai pas été poète, mais seulement versificateur..

Je ne pense pas que cela ait été dit. Mais ainsi, si l’un d’entre vous se découvre quelque désir, ainsi saura-t-il qu’il est des périodes favorables et d’autres qui ne le sont pas, durant lesquelles il ne faut pas s’obstiner. Il découvrira ensuite que le « désir » est la première approche de la grâce, mais qu’il faut absolument se débarrasser de tout encombrement autre, pour se mettre en « état de grâce ». Mais la technique du savoir faire, qui ne s’acquiert que par un travail soutenu l’y aidera.


La qui bire lou hus, e qui coupe lou hiù,
Qué la tiénem per mauhésèque quan l’abraque !
Mes lous bielhs que disèn, quan lou maù en s’attaque,
« Lous qui-s mouréchin yoens, que soun aymats de Diù ! »

Tout a bingt ans qu’èy cla, qu’èy net, qu’èy agradiù,
Mes lou temps en séguin, aus trébucs qu’en s’estaque,
E bielhs, lous malandrès qu’en sé plien la saque !
Qui-n se hè dounc qu’ayém degreù dous disé Adiù ?

Qu’en èy de la yoentut ? Adare qué m’a-t pensi,
Qu’èy yusté so qui nou passe pas dab l’existenci !
Qu’èy û co trebaten de beroys sentiméns..

Lou casau de yoentut ? Que l’abem en dehéns, !
Qué n’èy bist quauques-ûs coutiba-n la counstenci,
E s’a-t boulem coum ets, qu’en sé mouriram yoens !


Exercici dou 10 Noubembre ,a Moumas

Alexis Arette

dimanche 7 novembre 2010

Ballade..

Lou mes dous mourts, n’èy pas souben qui s’en arrid !
En sus de mèy en mèy, a force de bacades,
Que l’abém aqueste an, si crèy emputarit,
Hens lou temps qui s’en ba coum passen las bécades..
Tout qu’èy « cibilisat » !-Qu’a-t apèren ataù-
Goudrounat lous camis, dressat las arribères :
Lou mendré carrerot que semble û petit Paù,
Mes oun soun Diù Biban passades las cépères ?

Qu’an tout eschartigat, heùguères e touyas,
Etiquettat lous porcs lous moutoûs e las baques,
La lèbé nou sab mèy oun se cau ha lou yas,
E las hemnes qu’en ban, pintrades coum mounaques...
Ta proudusi de mèy, que-s cau amaneya,
Qu’èy finit de ha prose a las yoenes aulhères !
Que ban hens lous « dancings » ta s’amistouseya,
Mes oun soun Diù-Biban passades las cepères ?

Quauques Claque-Manaùts, sus lous prats rénabits ,
Dab quauques piche-câs que hèn mustres encoère,
Lous autés camparous nou soun oeyre atrébits,
Que soun de malagagne ou qu’an gahat l’ourbère..
Quauques Counnes de mèy, belheù que praberan,
Lheù quauqué Bidalette oun y’a pièle d’estères,
Lheù quauqué Boussigou, lheù quauqué Catalan,
Mes oun soun Diù-Biban passades las cepères...

Roustits s’èren dous bielhs, encourdats s’èren yoens,
En ta poudé adouba las sauces e las daubes,
En moulete, si nou yabè d’autes mouyens,
Tan partadya l’aram, s’èren chines las trobes,
Lou Cep qu’ère lou Rey !-Lheù dab lou Mousséroû-
Que n’y badè pertout, dinque sus las tournères,
E lous noustes guisés nou n’abèn yamèy prou !
Mes oun soun Diù-Biban, passades las cepères ?

Embiade :
Escoute lou mè crit, Segnou dous Cépassès,
E per lous cassouras, e per las castagnères,
Si bos esta laudat, que-t laudéram chens cès,
Mes tournen-sé balha lou temps de las cepères !

Esplics : Piche-Câs : Vesses de Loup. Claque-Manauts : Rosé des Prés.
Counnes : Coulemelles. Bidalette : Pleurotes. Boussigou : Psaliotte.
Catalan : Lactaire.

A Moumas : Lou Dimenyé 7 de Noubembré.

Alexis Arette

samedi 6 novembre 2010

Fable..

Ûe estele qu’a dit en û bermi de luts :
« Segu lou Créatou ataù qu’en s’a bouluts,
Mes perqu’ès tant petit e you souy auta grane ?
Perqué you souy au laryé e tu tout que t’engane ?
Perqué la mie luts ey lou mèy bet simbeù
Au pugn que hè flamboureya mant’û drapeù,
Labets qui tu, hens las berbalhes e lou sable,
N’arrousegues qu’ûe lanterne miserablé ?
A tout aco ségu, que y’a ûe resoû,
Puch au ceù you que souy, e tu presqu’en présoû,
Sounqu’a busequeya toustem a ras de terre !
Si Diù, Et qui sab tout, m’a boulude tant bère,
Que sabé de segu que m’a-t meriteri ,
Labets qui tu, praubas, ou héres berseri !
En té han, que sabou de qu’estéres coupable,
De nou sèy quin desestruguè counsiderablé !
Que deùs au tou pecat d’esta mau attifat,
Que deberés, si n’ès drin counscient, estufat ! »

E l’estele, dou sou merité tant segure,
Qu’arraya coum yamèy labets, sus la nature...

Mes lou bermi de luts toutû que respounou :
« Chens merité que souy, nou disi pas que nou,
Mes cadû que bed drin miey-die a soue porte !
O s’èy per arraya, segu, qu’ès la mèy horte,
Mes de tu, b’en seré risquat de s’apressa !
Lous tous arrays, nou balin que de loegn en-ça !
Nade aguilhe yamèy nou tentè la puyade,
En sabé que l’aurés de tire cresecade !
Diù qu’en se hiquè loegn permou que lou tou hoec
Que seré de mèy près piré que l’eslambrec !
Qu’ès béroye ? Que-t baù, puch que démoures soule !
Nad sourelh ta t’ayma, décap a tu nou boule,
E si quauqu’aban-heyt gausabe lou parat,
Que seré quin esglas , e quin esclaquerat !

You, qu’èy petitamen qui hèy la mie bite,
Mes dous autes barboùs, nad besî nou m’esbite,
Touts que podin rega-s au mè petit lampioû !
Tu, l’astré chens parelh, qu’ès lou de l’enlusioû.
Si hès lhéba lous oelhs qui nou-t podin attegné,
Arrés nou patiré si bienès a t’estégné ;
E si nou-t bedèn mey, lous omis qui troumpès
Qu’espiérén drin mèy oun se hiquen lous pès !
En sus, you de l’amou e subechi l’entrigue,
Que pouch, chens l’escauta, ha dus pots a l’amigue !

O, nou hey pas espleyts hens moun petit estat,
Mes que souy coum l’amou qui dure en amistat..
Tabé lous amourous, a l’ore printanère,
Si s’an lassat lous oelhs, per tu, hens la lugrère,
En tourna sus la terre oun se cau acasi,
Sus lou prat oun s’aymèn qu’aymen bedé-m lusi..
You qué souy coum l’amou a la loue pourtade,
E lheù û gra de luts qui s’a pergut la hade... »

L’estele de segu, qu’aberé respounut,
Mes yuste û crum labets, dou Nord enla biengut,

A l’array opulén que barrè lou passadyé ! E que baù û lugrâ, si l'estufe û nuadyé ? E tu, petit amou, taus qui soun abienguts, Qu'ès prou, si t'an au co coum û bermi de luts...


So qui m’a bouhat la hade, lou 6...


Esplics : Opulen : N’ey pas sou dictiounari, e n’a pas lou sens de : «Opulent » en francés. « Qu’èy û opulen » = Qu’ey eslat d’empourtence, puden de hagardè permou d’abé de qué, mespresan en taus autes. Que tiéni lou termi d’û bielh de Moumas mourt que ya bet temps


Alexis Arette

vendredi 5 novembre 2010

Martérou..

Marterou qu’a floucat de naù lou cemitèri,
Que n’a heyt û casaù au bèt miey de l’Abor,
Mes despuch l’an passat nou souy pas mèy coum èri,
Qu’èy dous amics caduts lou co plé dinqu’aù bord...

Tout die autour de you , l’escabot que s’achique,
La camade assi-bach que-s fenech toustem maù,
Assi, sus l’as de co, que prime l’as de pique,
Que baù de counteste puch lou yoc qu’èy ataù ?

Mes l’amic qui partech que-m hè drin mèy coumprené,
Que nou n’èm pas d’assi,-si yamèy a-t cregou-y,
Per countre, qu’èy d’assi, lou tesic de parbiéné,
E même lou d’Abé, ta qui drin coumbattou-y-...

O, que-m souy pla battut tabé ta d’autes causes,
Qui dureran, quan m’estenerèy au segrat,
Lutta tau dret d’esta, qu’en da de bères pauses ,
E lou temps sus aco, n’a pas tout escarat !

Lou temps, qu’a-t sèy tabé,per tant qui-n se barlingue,
Qu’èy sounqué, de l’eternitat, û esperec..
Horé d’aquet sabé nou y’a nade poutingue,
Mes lou cami de luts qu’èy toustem drin ambrec..

Qu’en bèy qui n’an l’ana, ni l’air d’ey credé brigue,
E qui biénin toutû ta flouca lous houssas..
Que proben que la mourt, arrés nou s’en destrigue,
Mes qu’èy gran lou secret, e nou pod abrassa-s..

E qu’èy mau per aquets qui partin chens ayude,
Darrigats, de las noustes tant praùbes amous,
Tristes, en ta d’arré d’abé heyt la courrude,
E de sabé d’arré tabé lous marterous..

Que n’èri juste aquiù, quan bedouy trés maynadyes
Qui s’esbatèn, drin a descus dous pieytadous,
Ta d’ets, passaben pas encoère lous nuadyes,
Sus ets, l’array dou ceù que debarè tout dous...

Array biengut d’enla sus las peyres floucades,
E lou yoc dous maynads qui-n hasen quan de tours...
Moun Diù, qu’èy lheù l’esper de las noustes passades,
Qu’aquets arridoulets sus las terres dous mourts ?


So qui m’alétè, la hade, lou 5 de Noubembré...


Esplics :Destrigue :Qu’ey lou mout a countre-sens de la nouste loengue. Que pod disé ûe cause e lou sou countré : Assi : « qui ne peut s’en distraire. » Houssas : Palay que dits :Houssats. Mes n’èy pas yamèy entenut prounounça lou T.

Alexis Arette

jeudi 4 novembre 2010

Tentèri...

Que-m souy semblat û temps a l’aùmac d’Italie
Embentat, entaù carnabal, nou sèy per qui,
Lou qui, bestit de tros cousuts per la houlie,
E s’apère :Arlequi...

Permou qu’ère lou temps, oun bedi las maynades,
Drin coum lou cassadou abise las perdits..
E b’èy douce labets, û cop qui soun gahades,
La plume enter lous dits !

Mes you, que las bouli bayoula toutes bibes !
Enténé-lès auras de you caraqueya !
E tiéné per tesau, ou prouses ou caytibes,
So qui bolin balha...

Labets, qu’estessen blus lous sauneys de l’amigue,
Que pintrabi de blu tabé lou mè debis,
S’a-t boulè rouy, d’arrouy qué pintrabi l’entrigue,
Atau tout qu’ère lis !

O de berdes qu’en bi, e de nou pas madures !
Mes qué m’en counsoulabe û pot de mermelhou,
Et qu’èy arrigut yaune a cops, per arrencures,
En passan per piyou !

Las engrignes d’amou, que cau tabé risqua-les !
E las drolles souben qu’an lou co drin yelous !
Mes taùs ne da dou cap e poudé apribausa-les !
B’en ey coelhut de flous !

Mes tout que lasse, e même la carnabalade !
Ü sé, qu’e-m souy troubat lou co drin alébat,
E l’ame, per auten l’aboussi pingourlade,
Qu’ère grise en debat...

Labets qu’en souy tirat la cape houlastrane !
-E deya lou techcut qu’ère bèt drin arlat !-
E dab û co tout naù, ta l’abenture grane
Qu’em souy encayoulat..

Ségu, de quan e quan, que-m tourne gaha l’auré,
De m’apelha d’arrouy ou bien de brioulet,
Sustout quan à l’abor, dansen, coulou de sauré,
Las hoelhes, hens lou ben houlet...


Esplics : Aumac : Semblant d’homme, fantôme..
Houlastrane :Grande folle.
Techcut : Tissé.
Arlat : Usé, mité.
Sauré : Roux (Gaston Phébus étant rouquin était nommé :Lou Sauré !)

Alexis Arette

mercredi 3 novembre 2010

Lou Bach temps... / Horé diu briù..

Lou Bach temps...


Lou ceù gris que s’entaralaque,
Lou temps qu’a l’air d’esta fanit,
Lou bestia qu’en ba ta l’estaque,
E l’abroungle qué hoéy lou nit...

Las paloumes que soun passades,
E puch las grûes qu’an seguit,
Qué ban cerca d’autés countrades,
E dou Nord que tourne lou guit..

Ûe counne qu’ourbech l’oumprelle
Per oun a blanqueyat l’arrous,
Que s’estadech la pimparelle,
Sounque lou Golis que bad prous...

E you que souy drin aquet Golis,
En cerques d’û rare barboù :
Quan cerqui taus mès escritolis
La hade qué-m da so qui boù...

E taù coum l’ausèt qui mandique,
Que m’endoli dou temps arranc,
Mes l’adirè d’amou qu’e-m hique,
Sou co, coum û gran plap de sanc...

Esplic : Golis, = Rouge-Gorge. Que-s dits tabé à Leca : Arré-couthit, defourmatioû proubable de :Arrouy-couthet


 
Horé diu briù..

Qu’èy descoubert l’endret en seguin l’arribère,
Oun tu té descaùsès en ta passa lou briù,
Permou, de l’auté part, l’oumpre qu’ère leuyère,
E d’aqueste coustat, lou sou qu’ère trop biù..

Aylas ! Que t’eslissès oun mèy l’aygue bribabe !
A grans crits, au tou secours que m’apérès,
Que-t tirèy de l’aygat, pallé e toute moulhade,
Yamèy enter lous bras nou-t sarrèy de tant près..

Qué-t pausèy au gran sou qui cauhabe la glère
Ta-t seca û drinot, aù men per en dessus...
Moun Dieù, toute ténude atau, quin ères bère !
E lou merci qui-m dés que-t hasè lous oelhs blus..

E sou tou cos maben, per esta destrempade,
La toue raùbe en se plaquan que dessina,
Per tucs et per baloûs la mèy bère countrade
Oun abéri boulut per toustem camina..

Lou 3 de Noubembre, au petit matî.

Alexis Arette

lundi 1 novembre 2010

AMOU

Quan lou coumençamen n’abè pas coumençat,
Quan l’arré sus l’arré nou hasè nade cluque,
Quan lou temps n’abè pas abourrit la malhuque,
Amou qui nou sèy pas, Tu que m’abès pensat.. !

E desempuch, dou houns d’aqueste galihorce,
D’oun bèy a débira lous lugras trufandès,
Décap a Tu l’Amou, doun nou sèy que la force,
Lous mès sauneys qu’en ban per d’estranyés sendès...

Permou, sus lou parsâ qui-s noumente :La Terre,
Oun cade die qui passam s’appesantech,
Au prégoun dou mè co, toustem qué t’esplandech,
Maugrat que lou roumen sie négré d’ourbère...

Maugrat que tout assi que sie desruidè,
E que lou desesper souben qu’en s’entertoqué,
E qu’au miey de la pats, la guerre que piroqué,
E que la serp hissé toustem sus lou sendè...

Maugrat que mèy n’anam, lous sés de lassitude,
Que soun mèy numérous, e que lous oelhs aymats,
Qu’ou-s bedem embruma-s abans d’esta barats,
E qu’existam, û tant per tant, per abitude..

Maugrat que las aunous sién ,enter lous dits,
Drin coum l’arré du tout, d’û sablé qui s’escape,
E que lou mèy hardit, lou bielhè que l’attrape,
E qu’en sé cau surbibé au miey dous enterdits !

Amou, per oun passès, si n’ès mèy coum l’eslame
Qui-m hé bouri la sang aus ans chens coumparè,
Qu’ès, quan badém arocs, lou mèy bèt adirè,
De so qui s’escadou, tan se regaudi l’ame !

Permou n’a de balou que drin so qui touquès, !
Qu’èy d’aco qui-s brembam quan la bite s’’assaube !
Qu’ey per tu qui crédem que la coulou de l’aube,
Que tournera lusi sus lous noustes souquès...

E si-n souy au soumbruc dou temps qui s’e-m acabe,
Amou, même de Tu si-m souy drin esbarrid,
Qu’ès ta you ,quan l’Alaude a lançat lou sou crid,
Coum lou printemps qui bien sus l’estradère nabe...

A Moumas, per Martérou 2010

Esplics : Cluque : Tas_Soumbruc :Crépuscule._Estradère : Grande route.

Alexis Arette

dimanche 31 octobre 2010

Ta nou sèy quine arrose...

Quan s’em empourtera lou gran ben castagnè,
Û sé, nou sèy trop quan, mes l’ore que s’apresse,
Per esta drin curious,- Mes chens que y’ayé presse !-
Nou cragni de quitta lou temps qui m’estregnè..

T’oun baù? Nou-n sèy arré ! Que-m bad la biste courte,
E lous terrès de loegn, qu’ous bèy drin embrumats...
Que y’èy bist a passa lous bisadyes aymats
E l’arrose, d’oun aletèy l’aram, que-m semble mourte..

Mes si toustem m’en demoure lou deléret,
Si-m tesique lou doù de la m’abé pergude,
Nou séré pas permou, mèy haut que l’aucigude,
L’arradits qu’en demoure bibe en gnauté endret ?

Nou ya yamèy abut, cause chens counséquence
E s’èy rebat l’eslou qui nou fanira pas,
Lheù decap oun m’en baù, adare, a petits pas,
L’arrose de l’Amou qu’èy toustem d’arcoelhence ?

Arrose, tant e tant qui-n s’as heyts ahidècs,
En te bedé eslouri sou froun de las maynades,
Per tu, quan sé badèn courtes las aletades,
B’estém a cops urous d’en se trouba drin pecs !

Arrose d’enlusioû ? Mes lheù d’en soum bachade
Ta-n sé ha crédé que penè d’û gran casaù,
Lou temps qui-n se desruech, quin caléré passa-ù
Chens l’esper en séguin de gnauté passéyade ?

E si l’arrous pare de perles l’arrousè,
E si dou soû broc en se demoure l’escousenci,
Lou co s’èy drin doulen, lou temps de l’existenci
N’a-t arcasterèy pas ! Aquet maù que-m plasè..

Aquet maù qu’a boulut que lou co que-m cantesse
Desdincous dou broc d’espiaùbe qui-m tagnè,
E las mies cansous au gran ben castagnè
Qu’an estelat lou ceu de la noeyt qui s’apresse..


Moumas,la belhe de Marteroû 2010..

Alexis Arette

mardi 19 octobre 2010

« Vilhèra », incompétence ou mensonge ?

L’affichage d’un panneau « Vilhèra » à l’entrée de l’agglomération de Billère près de Pau a suscité quelques remous : tandis que la municipalité y voit une affirmation de la langue historique du Béarn dans son authenticité retrouvée, beaucoup de Béarnais rejettent cette orthographe comme contraire à l’écriture traditionnelle de leur langue ancestrale.



S’il n’est pas en mon pouvoir d’apaiser les passions de ceux qui font de ces questions des dogmes quasi religieux, je voudrais donner à ceux qui sont capables d’écoute des éléments de réflexion aussi objectifs que possible.

Une “bible” trompeuse

La “bible” des partisans de « Vilhèra » est le Dictionnaire toponymique des communes du Béarn de M. Michel Grosclaude († 2002), publié en 1991 et réédité en 2006, que je citerai ici d’après l’édition que j’ai achetée en 1991. Mais ce n’est qu’une œuvre parmi d’autres, sans aucun caractère officiel, et qui n’est pas toujours « rigoureusement scientifique » comme l’auteur écrit qu’il l’aurait voulue (p. 9) ; nous le verrons bien vite.

En effet, après avoir écrit en 1985 « Je me sens plus historien que linguiste », il ressort de l’Introduction que pour ce qui est de l’« Orthographe restituée » qu’il allait proposer pour chaque commune, il ne serait ni l’un ni l’autre ; on y lit en effet (les gras sont de moi) :

p. 20 : « Un des objectifs qui a motivé ce travail était de proposer une orthographe béarnaise correcte des toponymes béarnais. »

et p. 30 : « Ce que nous appelons “orthographe béarnaise correcte”, c’est ce que certains ont appelé “orthographe classique”, d’autres “orthographe normalisée”, d’autres encore “orthographe de l’Institut [d’]Etudes Occitanes”, […]. »

Comme en bon français « restituer » c’est « remettre à sa place primitive, dans son état premier ou normal » (Alain Rey, Dictionnaire historique de la langue française), l’expression « orthographe restituée » est donc une tromperie de militant. Le Dictionnnaire équivalent que M. Groslaude signera en 2001 pour les Hautes-Pyrénées sera honnête, lui (peut-être sous la pression des élus de ce département), il proposera franchement l’« Orthographe occitane » du nom de chaque commune.

Un “historien” peu fiable

Néanmoins, M. Grosclaude va créer l’illusion en partant des « dénominations historiques » du nom de Billère ; mais ce n’est pas lui qui les a recueillies, il les a empruntées pour la plupart au Dictionnaire topographique du département des Basses-Pyrénées publié en 1863 par Paul Raymond, l’Archiviste du département. Les voici, face à face :

En creusant un peu, on voit vite les faiblesses du prétendu “historien”. Il commence bien, en transférant sur Bilhères d’Ossau la première mention donnée par P. Raymond, et même si elle n’est pas assez sure pour qu’on la retienne, j’ai pu vérifier chez Marca (1640) qu’elle concerne bien notre Billère près de Pau. Puis M. Grosclaude reproduit le Vilhere relevé par P. Raymond dans le recensement de 1385, sans s’être soucié de l’édition complète du manuscrit de ce recensement (ou Dénombrement) publiée par P. Raymond en 1873 : là, ayant sans doute pris plus de temps, P. Raymond a noté 4 Bilhere, mais aucun Vilhere. Le Bilhere suivant est noté comme de 1457, dans le Cartulaire d’Ossau ; un cartulaire, c’est un recueil d’actes juridiques intéressant une institution, ici la Vallée d’Ossau ; en fait il y en a deux, dits A et B, qui ont été publiés en 1970 par un vrai historien, le Pr. Pierre Tucoo-Chala ; ce Bilhere de 1457 y est bien, p. 300, mais au total, j’ai dénombré 49 Bilhere et 7 Vilhere dans des actes datés du 13 juillet 1435 au 22 septembre 1481 ; M. Grosclaude ne l’a pas fait. Je n’ai pu vérifier Vilhera situé dans la collection manuscrite dite « Réformation de Béarn », non éditée ; je n’ai cependant aucune raison d’en douter. Enfin, je puis ajouter Bilhera présent dans un acte des Notaires de Pau de 1562 (E 1997 f° 178), publié par Amédée Cauhapé dans Païs gascons n° 223 de septembre 2004, donc après le décès de M. Grosclaude.

Ce qu’aurait dû faire un véritable historien

Partons d’une récapitulation des dénominations anciennes relevées sur 177 ans :


En négligeant l’accent grave qui n’existait pas jadis, toutes ces attestations ont en commun les 5 lettres centrales, ilher, différant de la graphie officielle illèr ; 54 ont B à l’initiale, comme l’officielle, 8 seulement V ; et pour la finale, 60 ont e, comme l’officielle, deux seulement a et ce sont les plus récentes.

La forme ancienne, de loin la plus attestée, est donc Bilhère.

Conclusion

En choisissant le V- et le -a, tous deux largement minoritaires, M. Grosclaude n’a donc en rien « restitué » l’orthographe ancienne de la langue du pays, il a fait œuvre de militant occitaniste, un point, c’est tout.

Le suivre les yeux fermés, c’est faire preuve d’incompétence.

Et le suivre consciemment en disant qu’on sauve le patrimone béarnais, c’est mentir.

Aux élus et à la population de Billère d’en tirer les conséquences.

Jean Lafitte

samedi 25 septembre 2010

Les frères Bogdanov parlent-ils gascon ?

Quelques mots en gascon par les frères Bogdanov. Cela ressemble à du par coeur, mais l'accent est bon. Qu'en pensez-vous ?
(Le passage se situe vers 4 minutes et 30 secondes)

http://www.wat.tv/video/mystere-bogdanov-2tam7_2flv7_.html

dimanche 12 septembre 2010

Sur les ligures.. (par Alexis Arette)

Dans son article sur les Ligures, (Le CEP, N° 26), Monsieur Taffanel cite l’opinion de M. R.M. Grattefossé, qui certes, possède un nom prédestiné pour un archéologue, mais qui, en soutenant que « la mémoire des peuples est sans limite ! », contredit son propre effort pour tenter de sauver de l’oubli ce qui doit l’être.

Et que viendrait faire la « Révélation » si notre mémoire était restée fidèle ?

En faisant de Mnémosyne la Mère des Muses, les Grecs avaient établi que la Mémoire engendre toute connaissance. Mais justement, si les hommes sont tellement ignorants de leur passé, c’est bien que la mémoire leur fait défaut ! Et toutes les discussions, les controverses et les conflits, dans les divers domaines de la recherche, viennent de ce que nous ne savons plus ! Et que ce soit en grattant de vieux tessons gravés, ou en sondant le secret des atomes, nous essayons de retrouver ce que nous avons oublié, tellement heureux de découvrir des semblants de cohérence, que nous prenons nos hypothèses pour des certitudes ! Tout le scientisme est né de cela. Et la plus ridicule de ces prétentions, n’est-elle pas aujourd’hui de vouloir situer ici ou là, l’origine de l’espèce humaine, alors qu’au temps de la création, ni le « ici » ni le « là », ne ressemblaient à ce qu’ils sont aujourd’hui ! Il faut ajouter que ces théories qui se contredisent, n’ont absolument aucun intérêt. Mais par contre, découvrir comment nous en sommes arrivés à n’être que ce que nous sommes, savoir quelles étapes ont jalonné notre déchéance, et aussi l’espérance de nous reconquérir, voila qui donne son sens à notre existence, et tend à nous accomplir.



Fidèle à l’Esprit du CES concernant l’in-errance de l’Ancien Testament,

Monsieur Taffanel situe les Ligures, (Premier peuple, selon l’historien Julliant, à avoir défriché nos terres occidentales, )dans la tradition des peuples Japhétiques. Il se base sur la similitude du nom d’Elysha, petit-fils de Japhet, avec celui des Ligures Elisyces , dont la présence est attestée en Provence, à l ‘époque proto-historique La thèse est fragile mais plausible, encore qu ‘Elysha soit un nom Phénicien. Ce qui l ‘est moins c’est de constater que les « Elisyces », ne sont qu’un tribu Ligure, puisqu’en même temps les Ligures « Dragani » (carte de Schulten.) occupent les rives Atlantiques d’Aquitaine et d’Espagne, d’ou ils gagneront le Portugal, repoussés par les Celtes et les Romains.

Ainsi, puisqu’il est d’autres Ligures que les Elisyces, ceux qui fonderont la « Ligurie » Italienne, les Ligures Baébiani, les Ligures Cornéliani, et probablement les Venètes, que nous trouverons à la fois en Italie et en Bretagne, et les Lusici (dont les Sorabes prendront abusivement le nom), l’hypothèse des Ligures fils d’Elysha perd de sa valeur sur le plan générique. Par contre des Ligures qui se seraient mélangés à des « Elisyces », constitueraient une hypothèse acceptable.

Remarquons que nos Ligures sont nommées diversement, soit « Lygiens » , « Lusces », «Luti » , « Lui » etc . Mais il ne fait aucun doute qu’ils tirent leur nom du dieu de lumière, « Lug » , et de sa parèdre, « Luze », ou Lusine », qui donnera, d’une part, la « Lucia » Latine, et, d’autre part, la fameuse « Mélusine » (Mère –Lusine) de la mythologie Française, qui deviendra « serpente » quand le Christianisme « diabolisera » les dieux païens, de même que les petits génies fils de Lug , deviendront les Lutins.

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L’expansion des peuples Ligures semble considérable. La Loire, avec son ancien nom, Ligéria, en porte la marque, ainsi que la Leyre en Aquitaine, et L’Eyre qui deviendra l ‘Irlande.On considère comme Ligures, entre autres, les villes de Laon (Aisne), Laudun, (Gard), et Loudun (Vienne.) Mais jusqu’à l’extrême sud de l’Espagne, la cité de Lygustiné, témoigne de leur présence. Le prestige de Lug sera tel, que les Celtes l’adopteront dans leur panthéon, comme le prouve le Lug-Dunum qui deviendra Lyon, et cet autre qui deviendra St Bertrand de Comminges. Mais les recouvrements ethniques ne laissent subsister que de rares aires ou des particularités linguistiques, et des types physiques rappelleront l’ancien peuplement. Ce sera le cas dans la Ligurie Italienne, dans le Vannetais breton, peuplé de petits bruns, qui tranchent avec les grands celtes roux, en Aquitaine également, ou déjà César remarquait un type physique différent du reste de la Gaule, et enfin au Portugal, dont l’ancien nom, La Lusitanie, ne laisse aucun doute sur le peuplement originel.

Comme le « Dew » Indo-Européén, dont nous ferons Dieu, signifie « le ciel lumineux », ou « Le jour », Il est certain que le dieu Lug, est symbolique de Lumière, et d’ailleurs la racine du terme s’est conservé dans nos langues d’O dans le vocable de l’Astre , soit « Lugra » en Gascon, et « Lugar » en languedocien .Cette racine se retrouvera dans le nom même de la lumière, Lutz, ou Luz, appliqué à des lieux tardivement christianisés, soit, dans les Pyrénées , Luz-St –Sauveur, ou St Jean – de - Luz . Dans cette langue, le ciel étoilé se dit : « La Lugrère », et scintiller se dit « Lugréya ».De même,certaines rivières évoquent le reflet du ciel : Lou Lu, L’uzan, lou Luzouè...

D’ailleurs, dans l’aire des langues dites « Romanes », il est deux modalités qui existent conjointement pour les termes essentiels de « Père et Mère ». Ce sont les termes latins « Pater et Mater », d’ou dérivent Père , Mère, Padré, Madré, et deux autres qui ont été transportés par le Ligure, soit ceux de « Pay, et May », dont on voit clairement la filiation depuis le Scythique « Papaïos » et la « Maya » Indo-Européenne.

A partir de ces deux modalités on peut mesurer en quoi diffère la langue Française des dialectes de langue d’O. C’est que dans ceux-ci les termes Ligures se trouvent en concurrence avec les termes Latins.

Par exemple, il n’existe en Français aucun mot dérivé directement de « Mère ». (Sauf peut-être le mot Méristème, mais c’est fort douteux !) Tous ceux qui ont trait à la fonction sont directement dérivés du latin Mater: Maternel, Maternité, Materné, Matrice,Matrimonial, Matrilinéaire, etc. Mais dans les langues d ‘O , près de 40 termes sont dérivés de l’usuel « May » ! On peut même dire que toute la vie socio-économique fut basée sur la notion de « May ».Cela va de la Matrone : « Mayroulère », à l’enfant : (textuellement : Né de la mère !) « Maynad ».De la maison : « Maysoû », au cheptel petit ou grand « Mayram ». De l’action d’assembler : « A-Mayra »,jusqu à l ‘aîné de la famille : « Mayrouquè ». Par ailleurs, dans les langues d’O, le mois de Mai, consacré à la mère, se prononce « May » comme se prononce le nom de la mère.

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Il est une notation de M. Taffanel qui me paraît fort intéressante en ce qu’elle recoupe mes propres études. Ce serait l’expansion des Ligures dans la Péloponèse : Il se trouve en effet que cent toponymes du Péloponère et de l’Egée, restés à ce jour sans signification, se retrouvent identiques depuis le golfe de Gascogne, jusqu’aux Pyrénées centrales, avec un large incursion dans la Navarre hispanique. C’est –à dire en des lieux que les Celtes n’ont pas recouverts ; Ce sont les fameux noms en « Os » : Abydos, Siros, Budos, Argélos, Garos, etc etc. Des générations de Bascophiles se sont ridiculisés en voulant à tout prix faire entrer ces mots dans la toponymie Euskarienne, alors que l’actuel Pays dit Basque en est absolument dépourvu ! Nous aurions donc, en Gascogne comme dans le Péloponèse et l »Egée, les vestiges d’une langue, pré-hellénique la-bas, et ici ,pré-Romane , qu’il serait intéressant de comparer avec l’Etrusque, et surtout, avec ce qu’il reste de la langue des « divins Pélasges » qui occupaient l’Argolide, avant que n’y vinssent les présumés Ligures de M. Taffanel.

Que l’on me permette une digression

Si l’histoire n’a pas retenu l’invasion du Péloponèse par les Ligures de M. Taffanel, peut-être portaient-ils, à l’époque, un autre nom ? Il se trouve que la légende Grecque mentionne , avant la guerre de Troie, l’invasion de l’Argolide par les Danadéens venant d’Afrique. Voici réduite à l’essentiel, leur généalogie :

De la vierge Io, sous forme d’une génisse, et de Dzeus, nait Epaphos (Traduction Grecque de « Hapis » ou Apis, adoré sous forme de taureau.)

Epaphos épouse Menphis, et engendre Lybie.

De Lybie naissent Egyptos, Danaos, et Bélos.

Ce sont les 50 filles de Danaos qui, passées en Argolide, épouseront les Pélasges du Péloponèse. Longtemps, on confondra les mêmes peuples sous le vocable de « Grecs » ou de « Dananéens »

Il est certain que Egyptos, est le géniteur Eponyme des Egyptiens.

Il peut être soutenu que Belos, sous le nom de Bel, ou de Bal, sera divinisé par d’autres peuples. De sorte que si Monsieur Tiffanel est quelque peu téméraire en assimilant le nom du dolmen de « Balzabé » dans le Languedoc, avec le « Baal-Zébub » des Ougarites, il est tout de même certain que la légende montre le cousinage de « Bel » avec les peuples qui ont pu être nommés Ligures, Elycises ou Dananéens ..Comment en serait-il autrement, puisque, la première victime humaine va se nommer Abel

Voyons les choses de plus près.

Bal, ou Baal, ou Bel, ou El, sont à l’origine le même mot : Dieu. Ce qui en dérive est une adjectivisation soit topique soit fonctionelle : Baalbeck (Plaine de Baal), Bélial,(personnification du mal), Belphégor, (Dieu de Moab). Balaam, (Serviteur de Dieu).Quantité de noms, de Bellérophon, à Zorobabel porteront le phonème qui ne devient péjoratif que dans les cas d’idolâtrie.

Il est possible par ailleurs que le terme ancien « Bel », devenu « beau » en français, et « Bèt » en Langue d’O, restitue la qualité primordiale du Dieu : C’était un Dieu guérisseur , et un Dieu de résurrection, avant qu’il ne devienne le féroce dévoreur d’enfants qui l’apparente à Moloch.

Mais à l’origine, tous les Bel et les Baal, procèdent de l’Ael primitif : Le Dieu unique de la Genèse.

En effet, il suffit d’ouvrir une Bible Hébraïque, pour savoir que nos traductions sont fautives . Il n’est pas question d « Elohim », mais bien d’Aelohim »Pourquoi cette liberté prise par les traducteurs avec le texte ? Mystère ! N’était-il pas pourtant logique que le principe Créateur, commença par la première lettre de l’Alephbeth ? Et la représentation de l’« l’Aleph » ne montre-t-elle pas, à première vue, comme les trois éléments spirés de la Trinité créatrice ?

On sait que les voyelles ont tendance a devenir « interphoniques », c’est à dire que leurs sonorités n’ont pas la même valeur, et finissent suivant les peuples, à être utilisées différemment. Certains locuteurs ont prononcé Aël, Al, et d’autres El, cela donnera, suivant les cas le Elyon des Juifs, et le Allah des Arabes.

Mais pourquoi Bal,pour Al, et pourquoi Bel pour El ?

Il s’agit d’un simple phénomène d’articulation qui va nous conduire loin. L’article désignatif que nous connaissons comme « Le « « Là » « Les », s’exprimait primitivement dans les langues Sémitiques, par le B’. Ainsi : El= Dieu, et B’El = Le Dieu.

Or, parmi les peuples que l’on croyait « Aryens », il en est un qui emploie la même consonne articulaire que les sémites. Ce sont les Grecs Doriens !Ainsi, par exemple, selon le savant Abbé Espagnolle, le mot Grec « Eroïa »

: Jolie, se traduit en Dorien par « B’éroïa », que nous retrouverons identique en Gascogne. (Béroye). De même, la vallée Béarnaise dont le chef-lieu est le village d’Arette, ne se dit pas « Vallée d’Arette », mais, suivant une très antique prononciation, « Vallée de Baretous ».

Les « Doriens », auraient-ils été un peuple que M. Tiffanel nomme « Ligure », et que j’ai rapproché des « Dananéens » venant du Sud ? Et bien, il en existe une stupéfiante preuve Biblique, qui va plus loin que nos hypothèses.

En effet lors de la révolte des Maccabées, un siècle et demi avant Jésus-Christ, le Grand-Prêtre Jonathan écrivit au roi de Sparte(Capitale du Pays Dorien) pour lui proposer alliance , en vertu de documents antiques que le roi des Doriens Aréios, avait envoyé au précédent grand-Prêtre Onias, faisant état de la parenté des deux peuples. Voici le texte :

« Aréïos, Roi des Spartiates, à Onias, Grand-Prêtre, Salut !

Il a été trouvé dans un écrit au sujet des Spartiates et des Juifs, qu’ils sont frères, et qu’ils sont de la race d’Abraham. Maintenant que nous savons cela, vous ferez bien de nous écrire au sujet de votre prospérité : Quand à nous, nous vous écrivons : « Vos troupeaux et vos biens sont à nous, et les nôtres sont à vous. En conséquence, nous ordonnons qu’on vous apporte un message en ce sens.

(Macc. Livre I, XII-20.)

Cela pourrait assez bien expliquer l’introduction des particularités sémitiques, parmi des nations jugées Indo-Européennes. Or, l’histoire classique, fait venir du nord les Doriens, maîtres de Sparte . Mais contrairement à cela, les Doriens avaient présenté leur invasion comme « Le retour des Héraclites » !C’est à dire qu’ils auraient constitué les compagnons d’Hercule, lors de ses 12 travaux, et seraient ensuite retournés chez eux. (N’oublions pas qu’il y eut plusieurs Hercules, dont un Egyptien et un autre Syrien.)

Sans donc même faire appel au « Baalzébub » Ougaritique ou Philistin, il est certain que le phonème divin, Bal, ou Bel, à pénétré anciennement la société Indo-Européenne. L’a-t-elle reçue des Dananéens, ?des Doriens ? des Elisyses ? Une chose est certaine : C’est que le Nom sera porté aussi par les dieux majeurs du Panthéon Celte : Bélus, et Bellissima !

Constatons d’ailleurs sans pouvoir en dire plus, que d’autres noms divins prouvent les rapports entre le Moyen –Orient et l’Occident, depuis la plus haute antiquité. Il peut paraître surprenant par exemple, de trouver partout en Extrême Occident les traces du Panthéon Sumérien avec les divinités féminines dérivées du grand Dieu AN (ou Anu) =le ciel,Nanna, Innana et Anat, avec les Britanniques Anna ,Dana, ou Anis, Une vague d’invasion en Irlande est nommée les « Thuata de Danan », soit les enfants de la déesse Dana. On montre encore dans les Cornouailles, deux collines jumelles nommées : Les tétons de la déesse Danu. Et ce n’est pas par hasard si, se fondant sur une phonétique favorable, le Christianisme a fait de la Bretagne ou était honorée Danu, la terre de St Anne ..De même, primitivement, Notre-Dame du Puy s’est appelée :Notre-Dame d’Anys. Et la tradition veut que lorsque les républicains brûlèrent la statue en 1793, il s’en échappa un parchemin écrit en lettres « Isiaques ». Cela encore nous met sur la piste orientale.

J’ajoute que curieusement, le seul Dieu Germano- Scandinave qui échappera au « Ragnarock », porte encore le phonème divin puisqu’il s’agit de Balder, et que son épouse se nomme Nanna, ce qui est un des noms de la fille-épouse du Dieu Sumérien AN.

Je ne ferais qu’une réserve, sur l’assimilation que fait M. Taffanel, entre Balzabé, et le Dieu des mouches Baal-Zéboul », car il fonde sa thèse sur le fait qu’il existerait, auprès du Balzabé, un ruisseau dit « de mousque d’aso ».(Mouche d’Âne). Or, notre auteur précise, avec raison, que cette mouche n’est autre que le Taon, et il note d’ailleurs la ressemblance, au moins de la plus grosse des variétés, avec la Cigale . Or, les Taons sont très abondants et très virulents au bord de certaines eaux encaissées, ou se concentre la chaleur solaire.

Mais ces taons, qui piquent très cruellement, n’ont certainement rien à voir avec les mouches du Dieu Baal. En effet, n’oublions pas, qu’au moins dans sa dégénérescence ultime, Baal était un dieu féroce exigeant de nombreux sacrifices humains. Et c’est sur les charniers qui en résultaient que tourbillonnaient les essaims de mouches carnassières, attirées par l’odeur du sang, et désireuses de pondre au plus vite sur les cadavres. Les taons n’appartiennent pas du tout à cette catégorie. ****

Je relève une remarque plus intéressante de M. Taffanel :Il relève en effet sur les lieux étudiés, un changement du rituel funéraire. : A partir d’une certaine époque, on n’enterre plus les morts en position foetale, on les brûle. Un pareil changement n’est pas le fruit d’une évolution, mais d’une rencontre : Celle avec un autre peuple, avec qui, si on ne l’extermine pas, on finira par s’accommoder, en échangeant coutumes et rituels.

Or, il est bien connu, qu’outre le conflit légendaire entre les Ligures et les Héraclites dans la plaine de la Crau, le Languedoc subira les invasions Ibères et Celtes. Or les Celtes, comme les Grecs, brûlent leurs morts, et recueillent les cendres dans des urnes. Il est donc tout à fait plausible que les Ligures, à partir d’une certaine époque, empruntent aux Celtes cette coutume, tandis que les Celtes, ajoutaient le dieu Ligure, Lug, au dieux de leur Panthéon..

Au sujet du nom des Ligures, on peut le tenir pour éponyme de leur Dieu, mais on peut également penser aux dieux « Lieurs » Mésopotamiens. On peut le constater, ils sont généralement représentés avec un écheveau de fil entre les mains. C’est ainsi qu’ils lient les destinées de hommes, et l’écheveau des Parques procèdera d’un Symbolisme tout à fait semblable.

Ce symbole est au centre même de la religion, puisque le terme vient du « religaré » Latin. La religion est vraiment ce qui relie l’homme à Dieu. Or, lier, en langue d’O, se dit « Liga ». Ligure, pourrait donc signifier « Ceux qui sont liés », (Sous-entendu : à Dieu.) Ce qui est tout a fait dans l’esprit de peuples antiques qui s’affirmaient tous de haute origine. Ainsi « Aryens » signifiait : fils de la droiture.Et dans la « Bible Cananéénne », il est fait mention de la guerre de Baal contre les « Elim » c’est à dire les fils du dieu El.

Bien sur, le chercheur peut-être abusé par des similitudes et des coïncidences. Il ne faut pas pour autant cesser de mettre en accord la foi et l’intelligence, car le fossé de l’un à l’autre terme, c’est seulement celui de notre ignorance..

Alexis Arette